soirée étudiante

Gianni et Lydiane s'aiment et font la fête à Aix en provence, dans les années soixante-dix.

C’est Gianni qui maintenant danse avec son fils, entonnant les uns après les autres les hits italiens des années soixante-dix, qu’il dit haïr. Zucchero, Adriano Celentano, c’est bien selon Lydiane. Il s’emporte puis s’amuse. Oui, aujourd’hui, c’est bien ! Du reste, tout est très gai et Lydiane va chercher du vin blanc. On boit un verre puis deux et le bébé, ravit, comprend qu’il tient un peu plus de place entre eux.

Le soir, ils se rendent chez les Lavelli, un couple d’Italiens que Gianni adore bien qu’ils soient plus âgés que lui. Maria-Luisa a une fille de onze ans, née d’un premier mariage et un bébé d’un an et demi, juste un peu plus vieux que Nicolas avec Luigi. Celui-ci a bien retenu la leçon : les Provençaux aiment les plats italiens presque autant que les natifs eux-mêmes ! A lui les lasagnes, les pâtes sous toutes leurs formes, les soupes de légumes, le parmesan et les glaces onctueuses. Il sait tout faire. On ne fait pas plus pragmatique et son restaurant, à Aix, ne désemplit pas. Maria-Luisa y a adjoint un magasin de confiseries qui ressemble au jardin des délices. De nougat en fruits confis, on évolue entre les plaisirs défendus puis acceptés. Une fois installés confortablement chez leurs amis, Lydiane et Gianni fêtent l’événement : le Petit marche ! Une fois la bouteille d’asti terminée, deux groupes se forment. Luigi, qui est un fin lettré, se replie dans un petit salon pour parler avec son ami italien de Rimbaud et de Lautréamont. Bien sûr, ils aiment aussi Cesare Pavese, Elio Vittorini et Alberto Moravia et se moquent de qui les décrie. Ils en reviennent à Céline puis évoquent les guerres et leur lot de traites. Que faut-il faire avec ceux qui écrivent aussi magnifiquement mais défient l’entendement par leur propos ; le racisme dans le cas de Céline ? Ils n’en finissent plus. De leur côté, Lydiane et Maria-Luisa s’occupent de la fille de onze ans et des petits. Occupée et valorisée par son commerce, l’Italienne prend bien les choses. Lydiane, non. Elle n’est pas féministe pour rien. Elle fera des remarques à Gianni. Elle n’est pas stupide, elle sait que sa culture est sporadique mais elle veut mieux faire. Elle est curieuse. Jamais elle n’en restera à ce statut d’aide-ménagère que ses parents –de petites gens- ont voulu pour elle. A la fin de la soirée, alors qu’ils rentrent, elle s’épanche. Elle n’est pas contente ! Ah bon ? Mais que veut-elle ? Que les rôles qu’ils se sont attribués ne soient pas aussi stéréotypés ? Il n’est pas du genre à vivre en communauté. Il en existe en Provence. Elle pourrait rejoindre l’une d’entre elles et ainsi, son enfant serait élevé par un « gang de mères ». Elle se paierait du bon temps en attendant. Non, lui, il trouve normal qu’elle se concentre sur son enfant car il est très jeune et qu’il a un minimum de psychologie. Il continue de lui parler en italien. Elle ne parle pas sa langue mais toutefois il continue. Quand il revient au français, elle est démunie. Oui, elle veut s’occuper de ce petit enfant, oui elle est sa maman mais quoi, elle ne veut pas étouffer ! Il faut en passer par là et ce n’est pas si terrible ? Elle n’en est pas sûre. Ses parents à elle n’apprécient pas son amour pour un Italien. Ils changeront car ils ne savent pas à qui ils ont à faire ! Ah bon ? Oui, elle a raison. Gianni est quelqu’un de solide. Quant à ses parents à lui, ils ne savent quasiment rien d’elle pour le moment mais de toute façon, ils sont trop réactionnaires ! A quoi bon les brusquer. D’eux-mêmes, ils accepteront un état de fait. De ce côté-là, il n’est pas inquiet. Lydiane s’endort très tard et entrevoit Gianni qui cajole Nicolas. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Tout est doux. Gianni le dit alors elle le croit. Et Nicolas, qui a capté bien des cris, est heureux aussi. Après tout, il marche !