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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
27 mars 2022

LA FEMME DANS LE CERCUEIL. Flore Lesueur, un encombrant fantôme...

 

des fantooooooooooooooooooooomes

Julie doit accompagner au Vietnam son mari qui part y travailler. Elle craint d'emmener dans ses bagages un encombrant fantôme...

Notre prochaine estination serait le Vietnam et nous étions ravis. Nous avons acheté une maison pour ne dépendre ni de mes parents ni des siens lors de nos retours en france et c'est là que j'ai de nouveau buté sur ce livre. J'ai omis de dire qu'il était signé d'un mystérieux O. Tilson et avait paru pour la première fois en France en 1922. Une amie, épouse d'un ingénieur qui avait travaillé avec Bertrand au Mexique me l'offrit comme une bizarrerie, une curiosité, sachant que j'aimais être surprise par mes lectures. A Villahermosa, il nous était arrivé lors d'une après-midi passée ensemble, d'évoquer nos lectures. J'avais dû lui glisser que lire de temps à autre un texte fantastique, même un peu poussiéreux et oublié, ne me déplaisait. Elle était rentrée en France avec son mari et souhaitait se rappeler à moi en m'envoyant un présent et une lettre. Je sursautai en retrouvant ce livre. Il s'agissait d'une nouvelle édition rattachée à une collection consacrée aux écrivains de l'entre deux-guerres qui s'étaient intéressés au Fantastique. Une préface écrite par je ne sais qui faisait état d'un grand nombre d'auteurs mineurs s'étant frotté à ce thème. O. Tilson en faisait partie. Il ne bénéficiait, pas plus que les autres d'ailleurs, que d'une présentation fort brève. Né à Paris, il avait tardivement produit cet étrange texte...

Ne pouvant faire autrement, je relus donc d'une traite "La Petite servante" et de nouveau, me laissai emporter par l'intrigue et la force du personnage central. Le talent de Flore y était éclatant. Elle savait écrire pour les autres et évoquer les archétypes de l'amour. L'abjection de son mari qui devenait si jaloux d'elle qu'il voulait la faire disparaître en paraissait plus insoutenable encore. Je m'efforçai de lire cet ouvrage comme une fiction mais l'avoir en ma possession m'inquiéta. J'avais rendu le premier exemplaire à la bibliothèque et, après avoir écrit à mon amie qu'elle avait fait un choix excellent, je me débrouillai pour le donner à une association prônant les bienfaits de la lecture après en avoir arraché la page dédicacée. J'étais quitte. Enfin, je le pensais. Cependant, peu avant notre départ pour le Vietnam, je fus de nouveau assaillie par Flore Lesueur. Moi qui pensais qu’elle avait cessé toute lutte dans son cercueil et se contentait d'exister dans les pages d'un livre que grâce à moi quelqu'un avait découvert ! Tant mieux si la malédiction tombait sur lui...

Je faisais fausse route, bien sûr. Flore traînait dans ma tête. Elle le sentit et  cela lui suffit pour se manifester de nouveau. Cette fois, pour ne pas trop m'effrayer j'imagine, elle se contenta de n'être qu'une voix moqueuse.

 

 

SORTANT D'UN MUR

-Tu t'intéresses enfin à moi de nouveau. Tu as eu de nouveau ce livre dans les mains ! Incroyable, non...Et tu t'en es débarrassé.

 

-Je le vois bien, c'était idiot. Au Mexique, tu m'as fait très peur. Et tu le vois bien, je n'ai rien pu faire.

 

-Dans ce grand pays, tout fait peur, non ? Dieu sait combien ont pu t'intéresser les cérémonies pour les morts quand tu y séjournais! Elles ont bien dû te montrer combien est facile, quand on veut bien s'y prêter, la communication entre les vivants et les morts; et non seulement la communication, l'entraide...

 

-Les rites de la mort, au Mexique, sont fascinants, c'est vrai mais je n'ai eu qu'un regard de touriste. C'est du folklore , on fait de belles photos.

 

-Oh, voyez-vous ça ! Et comme tu es française, tu as pensé que ça ne pouvait pas te concerner. Le Mexique, c'est bien trop loin de toi culturellement ! Pourtant, tu l'as bien compris, toi qui as appris l'espagnol et t'es intéressée aux langues indiennes, la mort n'est pas simple. Elle est puissante et peut choisir ses aides. Ce que tu as saisi là-bas du « folklore » t'a préparé à moi. Je t'ai choisie. Je suis entre deux mondes. Aide-moi à mourir vraiment.

 

-Comment le pourrais-je ? Je suis une simple institutrice !

 

-Tu pars au Vietnam?

 

-Oui.

 

-Alors, tu verras.

 

-Je ne verrai rien du tout. Je vais parler à mon mari. Cette fois, il interviendra...

 

- Tu ne crois même pas à ce que tu dis.

 

Elle avait raison mais je le savais. Et puis, j'avais moins peur. 

 

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