abysses-chine

Cette fois-ci, il voulait conduire Challenger huit, au cœur de la fosse des Mariannes. Ce serait la plongée la plus profonde de l’histoire ! 10928 mètres ! Donc plus fort que James Cameron, Monsieur Titanic et ses 10908 mètres ! Plus aussi que le Suisse Jacques Piccard et l'Américain Don Walsh qui en 1960 étaient descendus à 10908 mètres ! En dehors de ces quatre plongées, les cinq fosses les plus profondes de notre planète restaient très peu connues. On avait longtemps pensé que les abysses étaient constitué d'une vaste plaine, vide et immobile, dénuée de vie et même sans courant marin. Ce n'était pas vrai...

Au jour J, Victor prit place dans un tout petit habitacle. Il prit sa respiration et la lourde porte se ferma. Queue de cheval, cheveux gris, visage tendu mais regard joyeux, l'explorateur commença sa descente. A partir de deux cent mètres, la lumière disparut et avec elle ces poissons « tranquilles » qui se nourrissaient de débris de végétaux, de plancton ou d'autres animaux. Il y aurait d'autres qui n'obéiraient plus aux mêmes règles qu'ils avaient du s'adapter outre à l'absence de lumière, à la pression et à une température avoisinant les deux degrés. Ils se nourrissaient de pluies de détritus ou s'attaquaient l'un l'autre. A six cents mètres, il reconnut une baudroie épineuse, petite mais effrayante. Son corps, recouvert de filaments sensibles lui permettait de détecter le moindre mouvement. A mille mètres, il repéra un poisson-vipère, le chaudolius. Il était muni de dents redoutables et utilisait la bioluminescence pour attirer ses proies...Victor repéra aussi une éponge lampadaire qui, carnivore, utilisait ses sphères recouvertes de petits crochets pour attraper les naïfs qui s'approchaient d'elle. Et il continua sa descente, heureux d'être dans un habitacle aussi petit car il attirait peu l'attention. Tout scientifique qu'il fût, Victor ne pouvait ignorer tout l'imaginaire lié aux abysses. Il avait en tête les illustrations d'Alphonse de Neuville et d'Edouard Riou pour Vingt Mille lieues sous les mers. Le fier et solitaire Nemo visant au cœur des océans dans son Nautilus que devaient croiser des créatures tout aussi fantastiques que celles qu'il croisait sans cesse maintenant et qui dessinaient pour lui un terrifiant bestiaire ! Il pensa aussi à ces royaumes mystérieux qu'écrivains et poètes avaient placés au fond des mers. Que de belles et nobles rêveries ! Qui pourrait vivre ici ? Entre huit cent et mille mètres, il y avait des sources d'eau froide qui correspondaient à la rencontre de deux plaques. On pouvait y observer des champs de moules, de crabes blancs, de crevettes et de poissons abyssaux.