Les grecs faisant semblant de se retirer, montèrent sur leurs vaisseaux, après avoir mis le feu à leurs tentes. Déjà, Ulysse et tous les guerriers d'élite, enfermés dans ce cheval, étaient au milieu de la place, car les Troyens eux-mêmes l'avaient traîné dans la citadelle. Ce cheval était là, et les Troyens assemblés tout autour proposaient plusieurs solutions. Les uns voulaient l'éventrer; les autres conseillaient de le traîner et de la précipiter du haut du rocher; et d'autres soutenaient qu'il fallait le laisser comme une offrande agréable aux dieux. Ce dernier avis l'emporta... Les Grecs, sortis du ventre du cheval comme d'une vaste caverne, saccagèrent la ville, se répandirent dans tous les quartiers, portant partout le fer et la flamme."
Homère l'avait dit. C'était bien cela ?
De quoi Schliemann était-il en quête ? Sa merveilleuse découverte ne faisait pas l’unanimité...
-La ville antique était une grande capitale. Les vestiges que vous avez découverts montrent une cité de trois cents habitants...
-Une population aussi faible aurait-elle pu soutenir un siège de dix ans ?
-La mer est à sept kilomètres du chantier de fouille. Vous vous appuyez sur Homère qui dit que la mer était proche de la ville antique...
-Vous vous targuez d'avoir trouvé des pointes de flèche. Elles ne sont pas nombreuses. Aucun squelette de guerrier n'a été retrouvé.
-Il semble que vous soyez peu scientifique quand il s'agit d'exposer de nombreux objets qui témoignent de votre gloire...
-Êtes-vous conscient de ne pas avoir trouvé Troie ?
Il n' y avait rien à répondre ! Il y eut sept campagnes de fouille qui permirent de mettre à jour neuf habitats superposés dont on extirpa deux mille objets d'art, des vases principalement...Il continua, il continua...
Dans les rues de Troie, on se croisait joyeusement. La mer était calme et la ville sereine. On disait que l'un des fils du roi Priam avait ramené de Grèce une mortelle à la peau claire et aux cheveux d'une blondeur sans pareille. C'était un sujet qui prêtait à rire : ce beau jeune homme et ses conquêtes. La puissance de Troie était sans pareille. Suffirait-il d'une toquade amoureuse pour que tout bascule. Aphrodite avait dû promettre cette jeune reine à Paris en l'échange de...de quoi ? Ah oui, le Mont Ida, la pomme d'or. Il lui avait dit qu'elle était la plus belle, bien sûr, et Athena et Hera en avaient pris pour leur grade. Et puis, Cassandre, l'une des filles du grand roi était pessimiste. La légèreté de Paris et la présence de cette belle grecque dans l'enceinte de la ville, entraînerait la ruine de Troie...Mais quelle destruction ?
Non, c'était cela. Sa recherche avait abouti. Nonobstant ces contradicteurs hautains, il ne s'était pas lancé en vain à la recherche de cette cité perdue. Et il offrait déjà à l'éternité un profil de médaille...