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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
22 septembre 2023

OSCAR, LE PASSEUR QU'ON N'ATTENDAIT PAS. (1)

 

OSCAROSCAR

La première fois qu'elle avait pénétré dans l'enceinte de la maison de retraite, elle avait eu peur. Il faut dire que Stella, belle chatte tricolore agée de trois ans, était pleine. Il lui fallait un endroit calme pour mettre bas. Les maîtres qu'elle avait se souciait peu d'elle. Ils vivaient dans un appartement mal tenu, sans ordre et mal aéré. Ils étaient socialement désinsérés, vivaient d'aide sociale et buvaient. La chatte ne voulait pas d'un endroit comme ça pour ses petits. Qui sait ce qu'ils auraient inventé, ces individus qui avaient eu la mauvaise idée de l'adopter ? Ils l'auraient tourmentée, elle et ses chatons. Elle avait donc parcouru un bon chemin pour parvenir devant les hauts murs de la maison de retraite et s'était arrêtée pour penser. Pour avoir déjà erré dans le coin, elle savait qu'il y avait une première entrée, très cérémonieuse et imposante, pour les entrants ou les familles des pensionnaires et une autre, plus modeste, pour le personnel et les livraisons. Cette seconde entrée présentait un avantage certain : elle était un peu cachée. Il fallait suivre le mur d'enceinte pour la trouver et attendre ensite le bon moment. a savoir, celui où les portes seraient ouvertes. La chatte, que ses indignes propriétaires avaient appelé Stella, avait attendu son heure. Quand elle était venue, elle s'était faufilée et cachée dans le parc, puis elle avait attendu. Elle pensait passer inaperçue, cet le parc était relativement vaste, mais un employé qui s'occupait des arbres et des pelouses, l'avait tout de même repéré. Elle n'avait rien à craindre de lui, elle l'avait senti. Il était venu lui porter un vieux lainage sur lequel elle s'était installée et de la nourriture. Le lendemain, elle avait cinq chatons. Rod l'avait alors transférée dans un appenti où il rangeait ses outils. Et il avait continué de la nourrir. Mis au courant, le personnel de l'institut La Bonne Providence, avait plutôt bien réagi. Partage des chatons une fois sevrés et adoption de la mère, qui semblait effrayée à l'idée d'être remise à la rue. Pour s'amuser, on avait cherché des noms pour les petits chats et on s'était arrêté sur des prénoms. Bill, Gloria, Max, Nicole et Oscar. Rien de bien logique là-dedans mais de l'humour et de la tendresse. Rod, qui était une personne réservée, avait envie d'un des chatons, c'est pourquoi il avait pu réserver le sien; c'était Oscar. D'emblée, il se révéla aussi turbulent et joueur qu'affectueux. Maître et chaton s'adoraient. Deux ans durant, ils firent la paire. Rod vivait à l'extérieur d'abord et il prit l'animal chez lui. Puis, il put vivre dans les murs, une maisonnette lui ayant été attribuée. Ce fut un bonheur pour lui et pour Oscar. Ils ne vécurent que pour les pelouses, les buissons, les arbres, les bassins emplis de nénuphar, les serres, les allées qu'il fallait certes parcourir mais aussi entretenir. Le petit chat secondait le travailleur, l'accompagnant dans toutes ses taches. Seuls le travail de l'un et les facéties de l'autre existaient. Rod savait que cette institution abritait des personnes âgées dépendantes et souvent malades. On y entrait, on y était entouré mais, il fallait bien le reconnaître, on n'en ressortait jamais vivant. Homme simple et plein de sagesse, le jardinier admirait ceux qui travaillaient là et plus encore ceux qui y résidaient. S'il était vrai que certains avaient perdu quelque peu l'esprit, d'autres restaient clairvoyant. Leur vie s'achevait...

Oscar, lui, ne comprenait rien à tout cela. Il n'était qu'un petit chat. 

Pourtant, un jour, au détour d'une allée, il se trouva face à une vieille femme en fauteuil roulant. Une jeune fille était avec elle. Oscar posa sur elle ses grands yeux jaunes;

-Dis donc, tu es bien joli, toi !

Attentif, le chat fit le gros dos. La vieille dame malade, elle, ne tourna même pas la tête vers lui. Elle semblait dans sa monde.

-Elle s'appelle madame Andrews. Il y a longtemps qu'elle n'était pas sortie; le printemps vient. Tu sais, ça lui fait du bien.

Du bien? Elle restait pourtant sans réaction. Il n'avait jamais vu un visage comme le sien, si absent et maussade. Du coup, Oscar, cessant sa parade auprès de la jolie accompagnatrice, regarda la façade de l'institution. Il n'y était jamais entré. 

Pourquoi? 

  

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