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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
4 octobre 2023

Homme et chien. Le Square. (7)

PETIT CHIEN BLANC

Clémence qui était joueuse mais non méchante n’aimait que le rationnel. Ce qui se passait dans ce tableau mettait en péril sa vision confortable de l’existence. Elle se plaignit à de la place excessive qu’il prenait le tableau -alors même que celui-ci était petit- et profita de la période des étrennes pour l’offrir à sa concierge ? Celle-ci se contenta de le suspendre dans les toilettes sans que ni son mari ni leur grand-fils n’y trouvent à redire. Au bout de quinze jours, l’accumulation de problèmes gastriques et intestinaux frappant cette famille de trois personnes étant à son comble, la concierge regarda le tableau avec attention. Les mères se pinçaient le nez, les enfants retenaient leur respiration et les adultes avaient des sourires goguenards. Quant au petit chien, il s’était assis et cachait sa truffe sous ses pattes. C’en était trop. Ayant trouvé sur internet l’adresse d’un brocanteur amateur de tableaux naïfs, elle mit le tableau en dépôt chez lui. Cet homme n’était autre que Gaétan Richelieu. Il ne lui posa aucune question. Il faut dire que, dès l’abord, le tableau avait repris l’apparence qui lui avait tant plu.
Dans les deux ans qui suivirent, il fut la propriété d’un couple d’avares, d’une étudiante toxicomane, d’un ivrogne fortunée et d’un directeur de banque qi n’achetait que des « croûtes » pour faire voir à sa femme « amatrice éclairée d’art abstrait ». Richelieu, à qui le tableau revenait par à-coups, dut se rendre à l’évidence : l’étudiante avait succombé à une overdose, l’amateur de whisky à une cirrhose et l’amoureuse d’art abstrait avait fait des dépenses si inconsidérées pour acquérir des œuvres de peintres à suivre qu’elle était désormais sous tutelle. Quant aux avares, ils avaient échappé de peu à l’incendie de leur maison. L’heureux propriétaire de « Jadis et naguère : objets d’hier et d’aujourd’hui » n’était pas stupide. Bon lecteur, il avait lu avec attention les auteurs fantastiques du dix-neuvième siècle et était suffisamment cultivé pour parler de leurs suiveurs et des novateurs. Ce tableau était un cas intéressant…Il avait sa vie propre et surtout un ego redoutable. Il était à la fois bon et cruel, doux et perfide...Il s’agissait de mettre fin à ses agissements. Il appela donc Michel Pèlerin et le lui remit en main propre sans rien lui cacher du pouvoir du tableau.

 

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