1. Retour en Provence.
Agnès veut revenir là où elle a été suppliciée et affronter ses tortionnaires. Retour et libération.
Dans l'hôtel où j'étais descendu à Nice, j'étais anxieuse non parce que personne n'était prévenu de mon escapade mais parce que je ne savais comment m'y prendre. Comme par le passé, j'avais constaté qu'aucun numéro de téléphone ne correspondait plus à quoi que ce soit. J'insistai tout de même et finit par avoir au bout du fil Jacques-Henri Fiastre .
-Agnès Donnelle à l'appareil.
-Donnelle ?
-La villa...Madame Larroque-Daubigny, l'annonce...Un contrat qu'ensuite j'ai dénoncé...
-Ah oui, la putain de Prudence, de Blondel et des deux jeunes suisses. Tu vas comment ?
-Je suis à Nice.
-Moi-aussi.
-En maison de retraite ?
-Pas au sens où tu l'entends. Il y a beaucoup de filles et elles ont des talents variés. Donnelle ... ? Attends voir...Ah oui, le livre sur cette salope de hongroise qui aimait les Juifs...
-Je pourrais vous rencontrer ?
-Ah ça, c'est à toi de voir ! Remarque, vu ta reconversion, tu peux nous rejoindre. Tu leur offriras un certain nombre d’exhibitions à caractère religieux. Attention, je suis sérieux : dans ton vagin et dans ton trou du cul, on peut en mettre des bondieuseries. Si tu veux, on peut même te prendre en photo et balancer tout ça sur le net. Imagine combien d'heureux tu vas faire ? Ils se taperont des queues en regardant ces gracieuses images de toi, Belle Madone.
-Je me doutais bien que vous seriez insultant ! Moi, je veux avoir une discussion sérieuse avec vous !
-Mais tu en as une ! Écoute, Donnelle, sois tu te ramènes et tu montres d’abord tes gros lolos avant de bien écarter et d'attendre la suite, soit tu rentres dans l’ombre et tu ne fais plus parler de toi. Basta ! Finito ! Terminé.
-Non écoutez !
-Écouter quoi ? Si tu m'appelles, c'est pour quoi ? Tu te doutes bien qu'on ne va pas monter un comité de défense pour les noirs et les arabes. On ne va pas arrêter La chasse aux pédés ! On n'encadre pas les tziganes et on rêve de transformer des juifs en lampe torche lors d'une soirée dansante...Alors, il reste quoi ? Tes gros seins, ton beau cul et tes hanches larges, ça va trouver preneur car toi, en plus, tu as écrit sur une sainte ! T'inquiète pas, tu vas faire un tabac ! Jésus avec sa femme adultère ! Ah, celui-là ! Mais je perds mon temps, Agnès. Tu es déjà convaincue...Hein, petite gourmande qui mouille déjà ! Les queues, tu les aimes toujours ! Allez viens, elles t'attendent !
-Pas à Nice. Dans la villa. Vous y serez bientôt ?
-Après-demain.
-Elle a été rachetée pourtant...
-Mais non !
-Je viendrai.
-Mais je t'en prie ! Juste une remarque tout de même. Tu t'en tirerais à meilleur compte en me rejoignant maintenant. Tu vivrais des choses très cochonnes qui ne te déplairaient pas. Tandis que là-bas...Alors, verdict ?
-Non, je veux revoir la maison.
-Elle s'appelait la villa des anges au départ...On l'a rebaptisée. Enfin, tu verras...
Il ne restait qu'à mettre mon projet à exécution. Je louais donc une voiture et filais en Provence. Je retrouvai facilement la route et reconnus bientôt les hauts murs de la villa. En m'annonçant à l'interphone, je n'en menais pas large. J'avais peur mais pour rien au monde, je n'aurais fait demi-tour. Je ne voulais pas que tout ce que j'avais pu vivre en un tel lieu ne serve à rien. Les grilles s'ouvrirent et je me dirigeai à pied vers l'entrée principale dont les portes étaient curieusement grandes ouvertes. Le couloir principal était très éclairé mais je n'y vis personne et en passant d'un salon à un autre, je ne croisais âme qui vive. Pourtant, il y avait du monde, je le savais...Le décor était très changé. Si les murs conservaient leurs couleurs et les fenêtres leurs lourds rideaux, tous les meubles et objets qui créaient une atmosphère à la fois élégante et voluptueuse avaient disparu laissant place à d'autres plus fonctionnels et froids. Il n'y avait plus de miroirs ni de candélabres et les tableaux qui représentaient des scènes licencieuses avaient été remplacées par des photos terrifiantes d'orgies et de supplices. Qui les contemplait ne pouvait, s'il n'était pas dans le camp des tourmenteurs, que s'angoisser à l'idée de ce qu'on allait lui faire subir car ces images de viol et de torture qu'il découvrait mettaient autant en scène des hommes et des femmes de tout âge et, semblait-il, de toute condition. C'était effrayant et inhumain. Malheureusement, qui était arrivée là comme victime, n'avait aucune chance de s'enfuir...J'en étais à faire le tour des salons quand j'entendis une voix dans mon dos.