PEINTURE RUPESTRE 2

Dans une villa provençale où elle a été engagée comme maîtresse de maison, Agnès pense avoir du temps pour écrire un roman sur la guerre d'Algérie. en fait, elle devient l'amante de deux hommes et laisse le temps passer, reléguant dans les lointains sa vie passée...

Ce fut réellement difficile. Comme une épreuve de fond, en fait. Personne ne parlait sauf nécessité et nous jouissions tous ou tentions de le faire.

Il y eut quelques ratés, malheureusement et je m’en voulus énormément. Mon univers se réduisit, quelques jours durant, à ces hommes nus qui voulaient leur plaisir. Être prise par l’un et par l’autre me plaisait et me suffoquait. Voulant absolument leur répondre, j’étais selon moi dans l’amour et le sacrifice. C’était ce que je m’étais promis.

Matteo cependant revint vers moi et me dit.

-On est isolés ici et tu nous traites bien !

-Mais c’est normal !

-Tout le monde va arriver et ce sera difficile…

-Je vous comprends mais on se verra. Ou seulement toi !

-Ou lui? Tu sais que tu changes vite, toi ?

-Je change ?

Quelques jours passèrent et l’osmose dura.

Je ne comprenais plus rien et les messages désormais amicaux que je recevais de Nicolas me parurent dénués de sens. J’y répondis cependant avec autant d’attention et de politesse que possible. A Léonie, je mentis en disant qu’en Provence, je participais à un stage d’écriture dans une belle maison située près de Manosque. Je n’étais pas la seule femme mûre à traverser une période où elle avait du mal à se reconnaître mais il fallait être clément avec soi-même ! A quoi bon faire des confidences qui n’auraient suscité que la désapprobation ? Les réponses de ma fille me montrèrent qu’elle s’apaisait à mon égard et avait envie de me voir. Fidèle à lui-même, Nicolas se gardait de dire de moi le moindre mal. Tout était doux.

S’ils avaient su qu’au lieu de me plonger dans mes écrits, je faisais patienter un jeune homme fougueux pour contenter un homme mûr avant d’aller au lit avec ce même beau jeune homme et permettre à l’autre, qui était courtaud et moins beau de se reprendre, ils auraient été effarés. On juge si vite…

Moi, j’étais stoïque. Je me devais de leur donner du plaisir à l’un comme à l’autre et je n’avais de cesse de le faire. Les voulant contents, je les faisais se vider entre mes cuisses sans pour autant être en retard et j’avais autant de satisfaction qu’eux.

Je pensais toujours à écrire mais y parvenait de moins à moins. C’était le sujet choisi qui m’embarrassait car au moment de retrouver mes jeunes héros d’Algérie, des images violemment érotiques me traversaient l’esprit et me rendaient haletante. J’essayais de me concentrer encore puis, vaincue, j’attendais la venue de l’un ou de l’autre ou partais à leur recherche.