Blackstar, cet album ! Et Lazarus, cette chanson funèbre ! Il fallait bien leur dire au revoir. J'étais malade de toute façon et condamné. En 2014, j'ai su que j'avais un cancer du foie. Les médecins, les examens, la politesse, la vérité. Il fallait que ça passe par la musique, cette mésaventure-là car elle risquait bien d'être la dernière. Je n'aurais pas de fin brutale, moi, j'aurais une fin programmée. Il y avait peu de chances que je guérisse. Je l'ai su sans en tenir compte puis un mot simple m'a rattrapé : non. Tu ne guériras pas.
Bon, non, je n'allais pas aller plus loin. J'ai dit à Tony Visconti, mon producteur de longue date, que j'avais un album en tête : Blackstar. Il a acquiescé. Il ne me résistait pas, on ne me résistait plus depuis longtemps...J'ai tourné le dos au rock classique et me suis entouré de musiciens de jazz dont un saxophoniste, Donny MacCaslin. Et j'ai œuvré. Paroles et musique. De la belle ouvrage. Quand je mourrais, le disque sortirait. Pourquoi ? Mais parce que si on ne programme pas l'année de sa mort, on la sentir arriver. Il faut paramétrer sa soudaine arrivée et mettre un masque puisqu'on ne saurait être beau à cet instant-là !