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Vingt-quatre ans, il aura fallu vingt-quatre ans, entre 1918 et 1942 pour que Anthelme Mangin/ Octave Monjoir retrouve sa famille..
En fait il ne l'a jamais retrouvée, car il est décédé avant la fin du dernier procès en appel, toute sa proche famille son père et son jeune frère  ayant même disparu avant lui !
Vingt-quatre ans depuis le jour où il a été recueilli errant dans la gare de Lyon, amnésique, sans papier pour l'identifier, et même aphasique ou presque puisqu'il n'arrive à articuler que quelques syllabes qui sont traduites par Mangin par les premières personnes qu'il croise.
Quelle tristesse, quelle douleur a du être la sienne, toutes ces années, incompris, baladé d'asiles en asiles aux quatre coins de la France d'après guerre, interrogé, testé, piqué, retesté, touché par des familles qui pensaient, voulaient le reconnaître, embrassé puis rejeté. Qu'a t'il ressenti, l'auteur n'en dit rien bien sur, il ne le sait pas et d'ailleurs ne s'appesantit pas sur cette partie obscure de ces années si ce n'est en montrant certaines des réactions d'énervement de cet homme au demeurant très doux.
Par contre, il dit beaucoup et de façon très personnelle sur les recherches entreprises par le responsable de l'asile de Rodez, ses refus réitérés envers certaines familles, son parti pris, rare mais efficace pour d'autres, son inlassable quête de l'identité et la précision avec laquelle il a rejeté quelques épouses ou mères éplorées !
L'auteur nous explique avec un art consommé toutes les attentes des familles, des femmes en particuliers, l'importance de reconnaître « son » soldat, la misère des familles.
Un livre magnifique sur les années d'après-guerre. UN livre sue celui qui n'est pas le soldat inconnu, celui qui fut choisi par   le soldat Auguste Thin,
Un bien bel hommage à cet homme abîmé à jamais par la guerre et à toutes les gueules cassées que nous voyions dans notre enfance parcourir les allées des squares. Je me souviens !