L’organisation du voyage de retour.
Le rapatriement de 267 813 soldats et d’environ 54 000 personnes à charge constitua un énorme défi logistique. On avait prévu des navires pour la traversée de l’Atlantique d’un maximum de 50 000 soldats par mois, mais certains des premiers bateaux disponibles étaient loin d’être appropriés et leur arrivée au Canada provoqua un petit scandale. L’exigence de meilleurs navires qui s’ensuivit entraîna des retards et des annulations outre-mer, les autorités étant à la recherche de navires convenant mieux à la tâche. Un hiver exceptionnellement mauvais et une vague de grèves des dockers, des agents de police et des cheminots en Grande-Bretagne sapa le moral des soldats toujours dans l’attente.
Une autre difficulté fut l’incapacité des ports et des chemins de fer canadiens de faire face à l’afflux des soldats. Les chemins de fer ne purent promettre au départ que 25 000 places par mois, exactement la moitié du nombre de soldats et de personnes à charge dont on attendait l’arrivée. Saint John et Halifax étaient les seuls grands ports canadiens exempts de glace, et le dernier était encore en pleine reconstruction après une explosion massive qui avait détruit l’année précédente la plupart des installations portuaires.
Le plus grand défi politique consistait à concevoir un système de sélection équilibré pour rentrer au pays qui récompense la durée du service mais maintienne le moral des unités et l’efficacité militaire. Ottawa envisagea d’abord de faire revenir en premier ceux qui étaient partis en premier, privilégiant ceux qui avaient restés le plus longtemps en Europe, mais le commandant du Corps, sir Arthur Currie, se battit pour qu’on fasse revenir les Canadiens en unités. Selon Currie, cela serait plus efficace et maintiendrait mieux la discipline au cours de la période de transition. Cette méthode contribuerait également à faire en sorte que les unités débarquant au Canada soient accueillies convenablement par leurs communautés, ce qui ne serait pas possible si les soldats retournaient seuls ou en petits groupes en vertu du système proposé par le gouvernement.