Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
27 mars 2024

Soeur des Anges. Partie 4. Parution du livre d'Agnès sur Sara. Editions du Cerf.

 

La vie quotidienne me reprit et de nouveau, j'attendis, désespérant que mon texte ne soit jamais accepté. Je ressentais désormais une grande nostalgie de la Hongrie et de mes amis. Je regrettais aussi mon bel ange hongrois. Une autre année scolaire fila et cette fois, j'eus une bonne surprise. Soucieuse d'attirer l'attention des éditions de Cerf, je leur avais de nouveau envoyé mon manuscrit, me soucieux peu des refus que je continuai de recevoir de la part d'autres éditeurs. Cette fois, j'avais leur approbation et de nouveau je me rendis à Paris. Fondée en 1929 par le père Marie-Vincent Bernardot, à la demande du pape Pie X, cette maison d'édition tirait nom d’un psaume. Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu  était en effet un verset du vers 41. Le but que s’était proposé cette maison était exigeant et ambitieux. Il s’agissait de  juger les événements à la lumière intransigeante et vive d’un christianisme dégagé des conformismes temporels où il se trouvait engoncé et comme paralysé, faire éclater la vérité, faire entendre le message du Christ rendu obscur à force de routine, de prudence, de compromission. Il s’agissait donc de ramener la spiritualité chrétienne à ses vraies sources, celles de l’Écriture Sainte, des Pères de l’Église et des grands mystiques. La maison avait certes connu des hauts et des bas mais elle était toujours là, prestigieuse. Je devais donc m’estimer flattée d’entrer dans un tel Saint des saints. Allais-je être à ma place dans un cadre aussi prestigieux ? Je brûlais d'en avoir le cœur net. Ayant investi les anciens locaux du couvent Saint-Jacques, pénétrer en ces lieux faisait selon moi partie des bonheurs de cette terre. Tout y respirait la sérénité et le goût au labeur. Je fus dirigée vers Sophie Delapointe, qui avait succédé à Sylvie Parizet, celle-là même qui en 2000, s’était trouvée à la tête de « Cerf Littérature ». Jeune quadragénaire longiligne, elle me fit d’abord peur :

-La fin de mon texte vous aura déplu !

-Non, quelques maladresses et des ajustements : rien de plus !

-Mais vous m’avez dit…Enfin vous avez rejeté mon texte la première fois !

-Je n'ai pas eu connaissance d'un premier envoi...Comme je vous l'ai dit, le texte est à resserrer mais cela se limite à quelques maladresses. Pour ma part, je suis enthousiaste. Il reste un problème avec le titre. Sara Salkahazy : par-delà le bien et le mal. C’est un des titres que vous proposez. Je vous avoue être sceptique. Ne préférerez-vous pas celui –ci : Sara : l’habit et le sacrifice ?

Le ciel et la terre se confondaient et je ne savais pas si je devais rien ou pleurer.

-Il me vient une autre idée...

- Dites-moi...

-Sœur des Anges. Ou plutôt : Sara Salkahazy : une sœur des Anges.

Elle me sourit :

Vous serez publiée d’ici six mois. C’est une maison d’édition prestigieuse et nos lecteurs aiment les préfaces. Un Dominicain que vous rencontrerez prochainement en écrira une pour votre livre. Vous avez vécu en Hongrie. Si une personnalité hongroise pourrait rédiger une postface…

-Oui, je trouverai quelqu'un.

Un mois après, je rencontrai le Père Dominique Laferrière qui me portait l’ébauche de sa préface. Elle m’éblouit. Son sens de la langue française était supérieur au mien et son érudition l’était aussi. Il était de ces hommes pour qui la Parole de Dieu demande à être non seulement sondée en permanence mais vécue avec intensité. Bogdan, le père de Sandor qui était chargé de la postface. Il y évoquait la Hongrie de la seconde guerre mondiale et les Croix fléchées, avec une fermeté qui excluait la nostalgie. Les figures de Horthy et de Szalasi y apparaissaient dans toutes leurs contradictions alors que celle de Sara y était présentée avec émotion. C’était un bel hommage à celle qui, si petite et humble, avait su faire preuve d’une telle force intérieure. Pour le moment, il était à la tâche.

Publicité
Publicité
Commentaires
LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
Publicité
Archives
Publicité