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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
1 avril 2024

Soeur des Anges. Partie 3. Soeur Maria évoque Sara Salkahazy.

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Soeur Maria, l'Espagnole qui vit à Budapest, présente à Agnès le personnage de Sara Salkahazy.

-Pour protester contre l’idéologie nazie, elle changea son premier nom de famille en celui de Salkaházy, à la sonorité plus hongroise. Et pour compléter le tableau, elle a composé une pièce de théâtre retraçant la vie de sainte Marguerite de Hongrie, qui venait d’être canonisée en 1943. Elle l’a fait représenter en mars 1944, le jour même où les troupes allemandes ont occupé la Hongrie et ont supprimé supprimaient toutes les activités religieuses du pays. En fait, elle avait promis d’être toujours prête à se sacrifier elle-même pour permettre aux autres sœurs de sortir indemnes de la guerre. On a conservé le texte de cette promesse.

-Vous l’avez lu ?

-Oui.

-Alors, vous aurez compris qu’elle était intrépide ! La Hongrie a été envahie et Horthy plus ou moins écarté. Le nouveau gouvernement s’est montré d’emblée très belliqueux et s’est rangé du côté des Allemands. Dès le début, Sœur Sara a critiqué l’idéologie nazie dans ses écrits et, quand les Allemands se sont installés plus fortement dans le pays et ont déporté massivement les Juifs vers les camps d’extermination, elle en a recueillis dans sa maison de la rue Bokréta à Budapest, dont elle était, à ce moment-là, la supérieure. Elle en a sauvé en tout une centaine. D’ailleurs, toute sa Congrégation a agi de même alors que c’était hautement dangereux. Alors, avec la permission de sa supérieure hiérarchique, en sa présence et celle d’une autre religieuse, Sœur Sara a prononcé l’acte d’offrande de sa vie. Elle y a demandé notamment que les sœurs de sa congrégation soient épargnées en échange de sa propre vie. Son vœu n’a tardé à être exaucé. Cela s’est réalisé un mois seulement avant la libération de la ville, alors que les Russes encerclaient déjà la cité. Le matin du 27 décembre 1944, elle a donné aux sœurs de sa maison une conférence sur le martyre. Le même jour, elle a été dénoncée par une ouvrière qu’elle avait recueillie dans sa maison! puis arrêtée. Des miliciens pro-nazis, les terrifiants des Croix-Fléchées l’ont emmenée jusqu’au Danube avec sa consœur et amie d’enfance, la catéchiste Vilma Bernovits, et quatre suspects qui étaient des juifs. Tous ont été alignés au bord du fleuve, contraints à se dévêtir complètement, puis par une même fusillade, ont été projetés dans les eaux glacées du fleuve, au pied du pont de la Liberté. Juste avant l’exécution, Sara s’est tournée vers ses bourreaux, a fait le signe de croix et a levé les yeux au ciel. Comme elle le souhaitait sœur, la communauté n’a pas connu d’autres victimes, ni de la part des nazis, ni du régime communiste qui a suivi.

-Sœur Salkahazy est reconnue en Israël par Yad Vashem comme "Juste des Nations", elle a son mémorial à Jérusalem depuis 1969. Quant à sœur Bernovits, elle est vénérée aussi parmi les ‘Justes’ depuis 2003.

Nous restâmes silencieuses l’une et l’autre dans l’exemplarité de cette vie nous frappaient. Je me sentais à la inquiète mais libérée. Je ne pouvais vouloir une vie comme celle de Sara et me trouvais peu d’envergure mais je commençais à voir ce que j’allais faire de cet argent que j’avais. Je repris la parole.

-Vous savez, ma sœur, combien je suis contente de vous parler. Vous êtes espagnole d’origine et me parlez en français, ce qui fait mon bonheur. J’ai décidé une vie égoïste mais ai fait d’abord de mauvais choix. Je n’étais pas en Enfer, non, mais je me dirigeais vers lui. Je serais tombée si je n’avais rencontré le visage de Sara. Voici ce que je vais faire : écrire un livre sur elle et y adjoindre de nombreux témoignages de sainteté ordinaire et agir. Je voudrais faire un don important à une œuvre comme la vôtre et travailler dans une maison d’accueil. C’est le moins que je puisse faire. Je pense à elle, à cette femme qui a défié le colonel SS Adolph Eichmann alors qu’ils organisaient en Hongrie les déportations massives…

-Sa congrégation a sauvé un millier de juifs. C’est énorme !

Elle ne réagissait pas à ce que je lui annonçai et comme j’insistais, elle me dit.

-Vous avez en effet été atteinte et, à votre arrivée en Hongrie, vous avez été d’emblée protégée et le restez. Ce que vous vous promettez de faire n’a de sens que dans l’épreuve. Vous en aurez trois et les vivrez seule. Il vous faudra aller au Musée de l’Holocauste puis au Musée de la Terreur. Enfin, vous irez voir les sculptures qui évoquent les noyades dans le Danube. Tout ceci, vous le ferez seule et dans un ordre qui vous apparaîtra. Vous pouvez poursuivre la rédaction de votre livre ici, où vous êtes en sécurité mais vous devrez sortir. Priez. Ah et puis…

-Et puis ?

-Rapprochez-vous du comte Wallenberg et de Gitta Mallasz.

-Je le ferai.

Elle se leva et je la trouvai majestueuse malgré ses rondeurs et ses pauvres vêtements. Dès qu’elle fut partie, j’allai voir Sylvia et lui fit part de mes projets. Son visage se crispa et je la sentis apeurée mais je lui souris bravement et elle fit de même.

 

 

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