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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
1 avril 2024

Soeur des Anges. Partie 3. Sara. Prête pour Dieu dès l'enfance.

Soeur Maria raconte à Agnès la vie de Sara Salkahazy, une religieuse hongroise qui a eu de grands desseins...

-J’ai lu qu’enfant, elle faisait preuve d’une grande piété. On la retrouvait souvent en prière.

-Oui, c’est exact. Ses parents possédaient un hôtel. C’était des gens ouverts. Constatant qu’elle était très douée intellectuellement, écrivant des poèmes et des pièces de théâtre çà un jeune âge, sa mère l’a poussée à étudier. A l’époque, il n’y avait pas grand choix pour les jeunes filles comme elle !

-Oui, elle ne pouvait guère prétendre qu’à enseigner dans le primaire et elle a passé son diplôme.

-Oui et justement, par le biais de ses élèves, elle a pris conscience de la pauvreté de certaines familles, spécialement de femmes souvent écrasées par le travail, ou d’ouvrières vivant seules et exposées. Elle a voulu connaître concrètement cette situation et, quittant l’enseignement, elle a fait un apprentissage de relieuse.

-Je le sais bien. Elle a aussi continué à écrire ; elle a fait du journalisme et a donné des conférences sur les femmes pauvres et la promotion de la condition féminine. Ainsi est-elle amenée à faire connaissance des Sœurs du Service social. Mais dites- m’en plus !

-Margrit Slachta, leur fondatrice, avait lu l’encyclique sociale de Léon XIII, Rerum novarum publiée en 1891. Il fallait une église sociale, engagée, dynamique. Vous savez, ce pape avait beaucoup d’énergie et, bien sûr, de foi !

Il suffisait de l’écouter et de la regarder, elle si courtaude et disgracieuse, pour adhérer à ce qu’elle disait. Elle avait dû aider beaucoup d’êtres blessés à changer de vie et à retrouver l’espoir, illustrant l’Évangile . La foi, si vous en aviez comme cette graine de moutarde…Elle ne donnait envie d’aller jusqu’au bout de ma tâche, sans abdiquer.

-J’ai lu que Sara a longtemps hésité avant d’y entrer car, quoique déjà très charitable et sociale, elle aimait sa liberté ; de plus, elle avait un fiancé. Elle a écrit plus tard : « Ce que j'aimais, je l'ai laissé : mon indépendance, mes cigarettes, les petits cafés, le vagabondage dans le grand monde, les mains dans les poches, la musique tzigane... Et maintenant, Seigneur, tu vois que je suis heureuse. Non pas parce que je veux l'être, mais parce que tu m'as donné ce grand cadeau : chercher et accomplir ta volonté me rend pleinement heureuse !».

Je vis passer dans les yeux de la sœur un éclair de malice. Cette femme comprenait les desseins de Dieu et je les comprenais mieux aussi, grâce à elle :

-Après avoir pris sa décision, elle a rendu sa bague de fiançailles à un jeune homme certainement meurtri et, en 1929, à trente ans, elle a rejoint les Sœurs à Budapest. Elle a prononcé des vœux simples à la Pentecôte de 1930, et effectué de premières tâches à Kosice. Mais par la suite, sous la surcharge d’activités diverses qu’on lui a imposées, elle a vacillé.

 

 

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-Vous qui êtes une sœur, comprenez-vous cela ?

Cette fois, elle eut un gentil rire.

-Ah bien sûr ! Vous savez, quand on veut vous mettre à l’épreuve ! On n’a pas été tendre avec moi mais attention, Vatican II est passé par là et je n’ai jamais été humiliée, en proie au doute comme elle. C’était des temps plus durs. Ses supérieures guettaient certainement et attendaient un tel doute. Dès qu’il est apparu, elles l’ont jugée indigne de renouveler ses vœux et lui ont interdit de porter l’habit pendant un an, la tenant éloignée de la maison-mère de Budapest. Elle a continué quand même à se considérer comme sœur dans le cœur, et à agir comme une religieuse. Elle écrit dans son journal intime : « Aimer, même lorsque c’est difficile, même lorsque mon cœur a des plaintes, quand je me sens rejetée ! Oui, c’est ce que Dieu veut ! J'essayerai ; Je veux commencer - même si je dois échouer - jusqu'à ce que je sois capable d’aimer. Le Seigneur Dieu me donne la grâce, et je dois travailler avec cette grâce. »

-C’est cruel. Beau mais cruel.

-Oui, peut-être. En tout cas, elle a dû faire preuve d’une heureuse patience ! Il lui a fallu tout de même attendre dix ans avant de pouvoir faire ses vœux perpétuels, à la Pentecôte de 1940. Elle a pris pour devise : « Alléluia ! Ecce ego. Mitte me » - « Me voici. Envoie-moi ! ». C’est dans Isaïe.

-Je sais qu’elle s’est occupée de soupes populaires, de maisons d’hébergement pour ouvrières isolées et d’une maison pour personnes âgées. Elle a visité des familles, organisé des cours pour ouvriers, donné des conférences et créée une revue catholique pour les femmes. En 1941 les évêques hongrois l’ont nommée directrice nationale du mouvement catholique hongrois des « Femmes actives », des ouvrières  si vous préférez. Vous savez que ce mouvement a pu avoir dix mille membres dans toute la Hongrie ! Naturellement, Sœur Sara a aussi édité le magazine du Mouvement.

-Mais la guerre a éclaté, sans toucher d’abord directement la Hongrie, qui n’était pas envahie.

-Certainement mais elle était sensible à l’injustice. C’était une femme de tête et une intellectuelle. Elle lisait, s’informait beaucoup. Elle savait que depuis longtemps, le Régent faisait appliquer des quotas dans les universités et elle savait aussi qu’ils savaient les mettre en première ligne dans certaines circonstances. Engagés de force dans une bataille ou une autre où ils étaient souvent sans armes et donc décimés. En 1941, par exemple, le gouvernement hongrois a envoyé en Ukraine vingt mille juifs qui vivaient dans une partie de la Tchécoslovaque désormais rattachée à la Hongrie. Presque tous ont été assassinés et personne n’a réagi vraiment. Elle, qui ne cessait d’œuvrer pour son prochain, avait fait ouvrir en 1940 près du lac Balaton, le premier collège hongrois pour jeunes ouvrières et crée d’autres maisons pour les accueillir, ne pouvait qu’être horrifiée. Elle était profondément liée à Dieu et aimait l’action. Elle a réagi très vite…

image DE SARA

 

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