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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
6 avril 2024

Soeur des Anges. Partie 2. Le récit de Bogdan. (1)

Agnès reçoit de Bogdan Isvanfy, qui était enfant pendant la guerre, des informations sur la dictature fasciste qui s'est implantée en Hongrie.

-Vous avez raison, je pense. Ce n’est pas infamant. Et Szalazi…

-Il venait d’un milieu simple et, détail qui a son prix, il était né à Kassa, comme elle en somme, cette Sara qui vous intéresse. Son père, d’origine arménienne, était sous-officier et sa mère, à priori sans emploi, était d’ascendance slovaque et hongroise. Férenc avait quatre frères, tous élevés dans la religion catholique grecque et tous dans l’armée. En 1915,  il sort d’une Académie militaire, où son père l'a envoyé, avec le grade de lieutenant dans l'armée de l'Autriche-Hongrie et est dirigé immédiatement vers le front où il sert jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, passant trente- six mois dans une zone de guerre. Officier d'élite, il termine la guerre comme lieutenant du 2e régiment de chasseurs tyroliens et décoré du prestigieux Ordre de la Couronne de fer (troisième classe). Il va à Budapest, entre en 1923 dans une école d’état-major dont il ressort avec le grade de capitaine. Jusqu’en 1933, il fait partie de l'État-major hongrois et, cette année-là, il obtient le grade de commandant. Cependant, il se fait remarquer en participant à la publication d’un « plan pour la construction de l'État hongrois » qui critique la politique du gouvernement en place. Son nationalisme extrême déplaît et est transféré dans une garnison éloignée où il a le temps d'étudier à fond différentes théories politiques. Isolé, s’ennuyant, il écrit un livre qui décrit son idéologie: « Le Hongarisme est une idéologie, c'est la mise en pratique hongroise d'une vision nationaliste du monde et de l'esprit du temps. Ce n'est ni de l'hitlérisme, ni du fascisme, ni de l'antisémitisme, c'est du Hongarisme. »

-C’est assez court…

-Mais ça fonctionne. En 1935, il quitte l'armée et fonde le Parti de la volonté nationale. D’abord obscur, son parti se fait connaître et obtient de plus en plus de suffrages. Il n’a va de main morte avec les slogans mais l’air du temps…En 1937, « justice, travail et respect pour les travailleurs hongrois » marche aussi bien que et le parti se présenta comme « Libérons de leurs chaînes les ouvriers qui sont victimes des syndicats sociaux-démocrates et communistes ainsi que des griffes du capitalisme féodal et de la juiverie. » Bien sûr, le Régent, interdit son parti et il est condamné à trois mois de prison pour agitation antisémite mais il n'a pas à les faire. Après avoir été libéré par la police, il rassemble autour de lui plusieurs groupes extrémistes et fonde le Mouvement Hongariste - Parti national-socialiste hongrois avec une forte idéologie nationaliste, antisémite et totalitaire, grâce auquel il commence à obtenir un soutien considérable dans la classe ouvrière. Devançant l'éphémère union des partis d'extrême-droite, son propre parti passa à 20 000 membres.

-Il est bon orateur et très charismatique !

-Pas du tout. Il s’adresse mal à la foule et c’est un mauvais organisateur mais il est habile. Il plaît car il connaît le nom de ses partisans. En somme, il met ces hommes-là dans sa poche. Quant aux femmes, elle lui trouve « quelque chose ». Tout cela l’arrange bien mais ce qui l’intéresse au plus haut point, c’est d’avoir le soutien des officiers de l’armée qui souhaitent préparer la Hongrie à une guerre future, à côté de l’Allemagne nazie. Il s’agite beaucoup et se fait arrêter et incarcérer, cette fois pour deux ans. Pendant qu'il est en prison, un certain Kálmán Hubay le remplace et fonde le 8 mars 1939 le Parti des Croix fléchées qui est présenté comme l’héritier du parti défunt. Aux élections de 1939, faites à bulletins secrets, le parti obtint vingt-neuf sièges au Parlement hongrois, devenant le deuxième parti de Hongrie en nombre de voix, réunissant sept cent cinquante mille voix sur un total de deux millions. Les partis nationaux-socialistes tous ensemble obtenaient quarante-cinq sièges en face des cent quatre- vingt onze du parti au pouvoir. L'opposition libérale et socialiste s'est effondrée et le Parti des Croix fléchées devient la véritable opposition au gouvernement conservateur de Horthy.

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