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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
6 avril 2024

Sœur des Anges. Partie 2. Horthy en Hongrie. Heures de gloire.

L’archiduc Joseph-Auguste de Habsbourg-Lorraine venait de se proclamer Régent. Il était peu soutenu et Horthy l’a balayé.

-La situation du pays s’est donc améliorée ?

-Oui, elle s’est améliorée mais en mars 1920, il est devenu le régent d’un « royaume sans roi ». Voilà qui était étrange, n’est-ce pas !

-En effet. Toutefois, vous ayant déjà signalé la nostalgie que le Régent avait pour l’empire austro-hongrois, vous comprendrez qu’il n’a mis en place ni une démocratie, ni une monarchie parlementaire. Non, il a mis en place une oligarchie qui s’appuyait sur la grande propriété foncière et donc sur l’Église et l’aristocratie. Beaucoup en Hongrie étaient de façon légitimiste et prônaient le retour du roi…

-Tout a l’air d’aller mieux quand il n’y pas de partage des pouvoirs ou si peu…

-Vous voyez juste. Horthy pouvait dissoudre l’assemblée nationale mais comme il autorisait le multipartisme et la liberté de parole, il ne passait pas pour un monarque absolu ou pour sa variante, un dictateur. Les communistes n’étaient pas dupes et pour cause : il les avait interdits.

-Et le temps passe…

-Comme vous dites ! Bientôt, le Régent choisit son camp. Il veut, pour son pays, récupérer des territoires perdus et en ce sens, la Petite Entente, à savoir la France et la Grande Bretagne ne peuvent rien pour lui. L’autre camp, oui. Et il a raison !

-Quelles terres reviennent à la Hongrie ?

-En 1938 et en 1940, l’Axe, dont il s’est rapproché lui redonne des terres en Tchécoslovaquie et en Transylvanie. Pas un coup de feu n’est tiré. D’où vient ce tour de magie ? De l’Arbitrage de Vienne…Décidément à cette époque, les démocraties d’Europe de l’ouest ne font pas preuve de beaucoup de courage et cet Hitler est un vrai stratège. Il l’admire.

Il se tut et je sus alors que j’allais me rapprocher de Sara. Le silence dura plus que prévu et je le sentis perdu dans ses pensées. Assise dans un immense fauteuil de velours rouge, je pressai mes mains l’une contre l’autre avant de vérifier que ma jupe noire était bien lisse sur mes genoux et que ma veste cintrée taillée dans un beau lainage rouge sombre faisait son meilleur effet. Puis, je lisais mes cheveux et vérifiai qu’ils étaient ramassés sur ma nuque. Mon hôte finit par sortir de sa rêverie et posant sur moi un regard vif, il reprit la parole.

-Hitler ne donnait jamais rien pour rien. Il y a eu deux arbitrages de Vienne, l’un en 1938 et l’autre en 1940. Tous eux étaient orchestrés par l’Allemagne nazie. Le fait est que la Hongrie s’est agrandie. A partir de 1941, elle se rallie officiellement à l’Axe et alors que l’offensive allemande est déjà lancée contre l’URSS, la Hongrie l’attaque elle-aussi. Curieusement, Hitler en est surpris. Le Reich n’a pas fait de pression particulière sur la Hongrie pour qu’elle envoie ses jeunes soldats à Stalingrad. Ils partent pourtant…Tout porte à croire que Horthy est servile. Il est empressé à satisfaire les hauts dignitaires du nazisme et leur chef suprême ! Mais il est mauvais comédien…

-Car il joue double jeu…

-Oui, dès 1942, il sent le vent tourner et entame des négociations avec les Anglais et les Américains. Seulement, les Allemands en ont vent et commencent à se méfier de lui. Leur méfiance se renforce quand, en février 1942, Horthy fait de son fils Istvan, le Vice-Régent. Cette prise de fonction déplaît fortement. Joseph Goebbels aurait écrit dans son journal que « le jeune Horthy était encore plus philosémite que son père ». Je cite de mémoire et il vous faudra vérifier que cette citation est exacte. Istvan est loin de se douter que seconder son père va lui coûter la vie mais c’est pourtant le cas. En août, de la même année, son avion s’écrase, probablement saboté par les Nazis. A partir de ce moment, le Régent essuie beaucoup de remarques. En avril 1943, Hitler le « reçoit » en Bavière et lui fait part de sa déception. La politique hongroise vis-à-vis des juifs n’est pas à la hauteur de sa voisine polonaise. Quelle inefficacité ! Horthy allègue les réformes qu’il a déjà fait appliquer mais le Führer les juge faibles ; et de toute façon, il veut la chute de cet « allié » trop peu convaincant. Le convoquant de nouveau en Allemagne, il veut son approbation. La Hongrie doit bien davantage s’impliquer dans l’effort de guerre et accepter d’être occupée par les troupes nazies. Le Régent refuse mais le Führer a anticipé sa réaction. Deux jours après leur entretien, la Hongrie est envahie.

-Nous sommes en 1944.

 

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