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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
30 mars 2023

Sœur des Anges. Partie 1. Agnès à la croisée des chemins.

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1. Changer de vie pour ne pas se perdre ?

Je n’avais pas vraiment le choix  à cette étape de ma vie et ce que j’ai fait, je ne le renie pas. Comment le pourrais-je ?

Cette année, tout s’était défait et je me demandais où je pourrais bien passer mes vacances puisqu’il faut bien les passer quelque part ! Quand on a de l’argent, ça ne pose pas vraiment de problèmes mais quand on n'en a moins, c’est différent. On peut toujours se dire qu’on va rester chez soi, dans l’attente de jours meilleurs mais si ça marche à vingt ans, ça ne fonctionne plus ensuite. D’autant que moi, je n’avais été privée de rien jusque-là et que, me trouvant dans une situation totalement nouvelle, j’étais sans idée.

Ainsi donc, puisque ma situation devenait précaire, je voyais arriver le mois de juin avec appréhension et je me détestais de ne trouvais aucune parade. En fait, je m’insupportais moi-même.

J’avais horreur de dire que j’avais quarante-neuf ans et que j’étais enseignante ! Je détestais également avouer que je vivais depuis peu dans un deux pièces où Léonie, ma fille, avait du mal à venir tant elle préférait son père. Elle m'en voulait et c’est vrai que je n’avais jamais voulu épouser cet homme a qui pourtant j’avais été très liée à lui. Allez savoir ce qui se passe dans la tête d'une adolescente ? J'étais persuadée qu'elle louerait ma « modernité » mais voilà qu'elle me reprochait de ne pas avoir été conformiste !

Je me retrouvais donc esseulée dans ce petit logement et haïssais ma solitude. Être seul produit une souffrance vaine et rend auto complaisant, nous apprennent les manuels de psychologie. Je me sentais banale et en souffrais. Dans mes âges, tout le monde divorce ou se sépare, a des problèmes avec un enfant qui refuse la séparation, se sent inutile dans son travail. Qui aime les livres, la littérature au collège ? Qui veut être « Professeur de lettres modernes » pour écouter des élèves lire des textes sans marquer la moindre pause, couper des mots à les rendre peu identifiables et ânonner des conjugaisons ? Personne. Personne ne veut ça. Et moi encore moins que les autres, moi qui voulais toujours quitter Nicolas ! Une femme moderne peut certes avoir certaines tolérances mais non tout accepter. J’étais prête à prendre du champ au plus vite mais il m’avait damné le pion ! Alors que j’étais prête à lui signifier que je ne pouvais plus rester avec lui, imaginez-vous que cet être si insignifiant physiquement, si exaspérant dans sa patience et incompréhensible dans ses largesses, venait de m’adresser un bref message :

« Après toutes ses années, je prends du champ et c’est bien ainsi ! »

Mais comment ça ! Comment osait-il ? Après voir logé non loin de chez moi des années durant, voilà qu’il avait pris possession d’un appartement très éloigné du mien. Léonie s’y plaisait beaucoup. Évidemment ! Un quatre- pièces ensoleillé dans un joli quartier de Bourges, des poutres apparentes, une salle de bain ravissante, des balcons et peu de vis-à-vis, c’était alléchant pour une adolescente que notre vie « moderne » lassait depuis un moment. Que son père se soit ait pris ses distances avec moi la ravissait. Il renouait des amitiés. Et puis, il avait « des admiratrices ». Moi qui, des années durant, l’avais raillé car il ne plaisait à personne, j’en prenais pour mon grade d’autant que Léonie, qui l’avait beaucoup mis en cause sur sa réserve et son isolement, prenait désormais son partie ! Non seulement son père plaisait de plus en plus aux femmes mais il forçait l'admiration par son intelligence et sa drôlerie !

Si je comprenais bien, ils faisaient la fête, tous les deux !

A y repenser, maintenant qu’il était distant, j’étais nostalgique. Longtemps, on avait vécu chacun de notre côté, Léonie naviguant de l’un à l’autre. Nous étions contents de notre mode de vie et en vacances, nous avions du plaisir à être tous ensemble ! Le quotidien étant un obstacle majeur, nous l'avions écarté, certains d'avoir raison. C’était bien ainsi qu’il fallait vivre afin qu’être ensemble ne nous paraisse pas une prison de conventions et d’habitude mais un espace de liberté.

Je me souvenais d’un jour où Nicolas avait tenté de faire des vers :

Union libre, homme libre

Tout un bonheur qui vibre

Union libre, femme libre

Un bonheur qui enivre !

J’avais ri un peu méchamment mais maintenant, mon cœur se serrait. Je m’étais illusionnée et lui-aussi et ses vers, j’aurais bien voulu désormais en être à l’origine.

Avant que je ne souffre plus que lui, il avait souffert plus que moi plus que moi et je devinais bien pourquoi…

Comme nous avions été naïfs !

 

 

 

 

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