Chapitre 4 : amnésie et désordres.

Une dernière mésaventure m'attendait, comme quoi le Mal est plein de ressources. Je me dirigeai vers le centre de la France non sans avoir donné les coups de fil nécessaire pour retrouver les miens, quand, à mi trajet, je sentis une fatigue incommensurable s'emparer de moi. Je m'arrêtai dans un hôtel où je dormis comme une masse mais le lendemain, je ne savais plus qui j'étais. Une crise d'amnésie violente me frappait. La police vint puis un médecin. J'étais incohérente et qui plus est, sans papier. Tout avait disparu. On me dirigea vers un hôpital où Léonie, qui remuait ciel et terre, finit par me retrouver. Elle me fit transférer à Paris où, lentement, je me rétablis. Ma fille me fut d'un grand secours ; son logement était petit mais elle me prit avec elle. Nicholas, mon ex-compagnon, me montra aussi une grande sollicitude. Je retrouvai aussi mes amis du club Alcyon. Je restai longtemps en convalescence.

Quand je me sentis mieux, je parlai. Donnant l'adresse de la villa et le nom de ses occupants, je dis :

-Dans leurs sous-sols, il gardait des esclaves destinés à souffrir et à périr.

Léonie, les larmes aux yeux, fut concrété :

-Cette histoire est dans les journaux. Certains ont témoigné : tu les as libérés !

-Vraiment, on en parle ?

-Je t'assure que oui.

Et elle me montra des journaux.

-D'ailleurs, tu a reçu d'eux des lettres de remerciements.

Je les lus.

Je n'avais pas partagé leur sort jusqu'à la mort, comme l'avait fait Sara Salkahazy en temps de fascisme, mais j'avais réussi à les tirer d'affaires. J'avais combattu la barbarie.

-Mais eux ?

-La villa dont tu parles a été fouillée de fond en comble mais elle est vide. Personne n'y vient depuis des mois.

-Ils reviendront.

J'avais raison.