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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
27 mars 2024

Sœur des Anges. Partie 4. Rêves et souvenirs de jeunesse au Lac Balaton.

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Je rêvai d’abord de Bourges où j’avais longuement vécu. J’avais onze ans et, pour la première fois de ma vie, j’avais commis une imprudence. J’étais allée chez une amie dont les parents étaient musiciens et pour me plaire et me faire rire, ceux-ci avaient joué pour moi du piano à quatre mains. Me rendant compte que le temps avait passé trop vite, je m’étais décidé à les quitter à regret et le père de mon amie, constatant qu’il faisait noir, m’avait accompagné un bout de chemin. Il m’avait quitté non loin de mon domicile et il me restait à parcourir une brève distance quand une voix faible m’avait arrêtée. Sur le bord du trottoir, se tenait un homme en manteau noir qui m’interpellait :

-Petite, Petite…

Sottement et alors même que je sentais le danger, je m’étais approchée. Il était assez laid et intimidant. Une fois face à lui, je l’avais vu écarter les pans de son manteau et exhiber un sexe dur et ferme. J’avais eu un haut le cœur et m’étais mise à courir vers la maison tandis que j’entendais toujours dans mon dos la voix presque suppliante :

-Petite, Petite…

Très inquiets, mes parents m’avaient trouvé agitée. Pensant que le fait de rentrer en retard était la cause de mon tourment, ils avaient bien tenté de savoir ce qui n'allait pas mais j'étais restée évasive. J'avais pris un chemin différent, peu éclairé, avais eu peur...

 

Un autre rêve fit renaître les démons du passé. J’avais cette fois dix-sept ou dix-huit ans et j’étais fascinée par une grande fille blonde qui était en terminale avec moi. Elle me paraissait déjà bien connaître et le sexe et l’amour alors que j’étais encore d’une naïveté absolue. Elle allait souvent à Paris, où son père qui avait divorcé de sa mère, vivait et elle en revenait souvent très gaie. Elle avait avec moi une relation ambivalente. Ne détestant pas avoir de longues conversations avec moi sur des auteurs que nous aimions toutes deux, elle me traitait alors sur un pied d’égalité et je sentais son estime pour ma culture. J’étais, il est vrai, une lectrice passionnée. D'un autre côté, dès qu’il était question de flirt, de sorties, de sexualité ou de garçons, elle me prenait au dépourvu et devenait hautaine, moqueuse quelquefois. Un jour, cependant, elle me proposa de passer un week-end avec elle à Paris. Mes pauvres parents se laissèrent séduire par le fait que le père de cette Valérie était avocat. C’était nécessairement pour eux un gage de sérieux. En fait de sérieux, le père de nom amie joua bien son rôle le vendredi soir. Nous dînâmes sagement avec lui avant de regarder un film à la télévision. Le lendemain, il fut présent au déjeuner puis disparut, nous laissant la jouissance d’un bel appartement près de la place de la Nation.Il avait une maîtresse qu'il était allé voir. Sa fille le savait et ne s'en souciait pas.

Vers dix-huit heures, les amis de Valérie commencèrent à affluer et avec certains d’entre eux, je m’occupais du repas du soir. Celui-ci fut gai et copieux. On poussa ensuite les tables et les chaises pour danser et il me fallut un certain temps pour comprendre ce qui se passait. Des couples se formaient et quand ils étaient las de s’enlacer et s’embrasser, ils changeaient de pièce. Valérie disparut dans une des chambres avec un beau jeune homme blond tandis que d’autres couples allaient faire l’amour dans diverses pièces de l’appartement. Moi, je riais et dansais. Un des garçons me prit à partie et se montra entreprenant. Cela me flatta mais il me suggéra de le suivre, je me raidis et me moquai de lui. C’était le pire que je pouvais faire car Valérie me regarda avec stupéfaction. Non seulement j’étais encore vierge mais je ne saisissais pas ma chance ! Elle s’écarta de moi et tout le reste de la soirée, me sourit avec dédain. Le lendemain matin, le père de mon amie était de retour. Il nous servit du café vers dix heures et nous allâmes ensuite faire le marché avec lui. Il nous emmena au cinéma après le déjeuner et me conduisit ensuite à la gare. Valérie prendrait un train plus tard. Je croisais le regard de mon amie : il était railleur. J’étais une oie blanche, une sotte. Je savais que désormais nos rapports seraient difficiles. J’en souffris mais n’en dis rien à quiconque. Elle ne termina pas l’année à Bourges car son père lui fit poursuivre sa terminale à Paris. Je pensai longtemps à elle. Je la détestais de m'avoir prise au dépourvu mais je me sentais stupide aussi de ne pas m'être laissée faire. Puis, je l’oubliais. Des années après, ces rêves que je faisais au bord du lac Balaton me la rendait telle qu’elle était : blonde, maligne, délurée, cruelle. J’escomptais qu’un tel fantôme du passé ne saurait me troubler longtemps. Il était si futile…

Je rêvai également d’une jeune Benoît qui était inscrit en faculté de lettres comme moi. Il était grand et mince, blond lui aussi et d’une beauté discrète. Lui-aussi je l’avais évincé de ma mémoire et pour cause. Comment j’avais pu me retrouver au lit un samedi après-midi avec lui, je n’en avais aucun souvenir. Il me plaisait beaucoup. Ses réparties en cours étaient intelligentes et appréciées de nos professeurs. Il s’habillait joliment, mêlant les styles et il était pour moi l’incarnation du dandysme. Curieusement, il m’aimait bien et jamais il ne m’avait fait la moindre remarque négative. Je dois reconnaître que ce samedi-là, il se montra très doux et adroit. J’étais inhibée et ne jouissais qu’en me masturbant. Pour la première fois, mon corps réagissait à d’adroites caresses : il embrassait mon corps et le léchait. Il le caressait. Quand il me pénétra, je compris enfin ce qu’était la douceur dans le plaisir et le plaisir dans la durée. Je mis longtemps à me libérer et il m’attendit. A la fin de l’acte, je pleurai de bonheur et il me sourit. Je retrouvais dans mes rêves la grâce de son visage et la gentillesse de son regard. Au bout de quelques temps, je retournai le vol, surprise que notre intimité ait déjà pris fin. Je le trouvai en compagnie d’un homme d’une trentaine d’années, très élégant et cultivé. Je le connaissais de vue et savais qu’il était maître de conférences à l’université de Tours, où je faisais mes études. Le hasard faisait que je ne m’étais pas inscrite à ses cours. Stupidement, je refusais l’évidence et passai avec eux un bon moment. Toutefois, comme aucune proposition de sa part ne venait, je finis par le brusquer dans un café, à la sortie d'un cours. Il ne voulait donc plus ? Il me trouvait laide ? Si ce n'était pas le cas, alors quoi ? Il allégua un autre engagement. Ce professeur...Mais quels étaient ces liens avec lui ? Il fut direct. Ils étaient amants et c'était fort heureux car il se sentait compris et valorisé. Me refaire l'amour ? Oui, il le voulait car j'étais charmante mais il n'arrêterait pas avec l'autre. Il aimait être bisexuel. Je ne le crus pas, attendis un revirement puis me résignai. L’année suivante, je le vis moins. Nous ne suivions plus les mêmes cours. Lui-aussi je l’oubliais pour longtemps.

Ses rêves récurrents me pesèrent d’autant qu’ils révélaient une sexualité troublée...Était-ce parce que j'avais ce vécu qu'un jour j'avais signé un étrange contrat me conduisant à la villa provençale ? L'habitude de ne rien dire, d'accepter les yeux fermés...

Je rêvais aussi de formes indistinctes naviguant entre la vie et la mort. Je me voyais sur une étroite bande de terre entre deux lacs aux eaux transparentes. Sous la surface des eaux, je voyais des visages immobiles, des têtes sans corps dont les cheveux flottaient. Des yeux avides ou implorants cherchaient à attirer mon attention et j’avançais lentement, certaine qu’un faux pas me ferait tomber et que nul dans l’eau ne m’aiderait à gagner la terre ferme. Je serais dévorée.

Pendant un temps, je fus la nuit, toute en tension mais le jour, je me sentais en pleine possession de mes moyens. Au fond, j'en vins à me dire qu'il n’y avait rien à refuser et il ne fallait pas avoir peur. J'avais été humiliée mais j'étais heureuse et malgré tout bien plus libre...

 

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