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LE SOLEIL MEME LA NUIT. FRANCE ELLE.
19 avril 2024

Sœur des Anges. Partie 2. Une villa des plaisirs privée de ses meneurs?

 

 

1. Après l'épreuve. Une vie normale ?

J'étais revenue à la vie normale. Ce que j'avais vécu m'apparaissait comme lointain ; cette annonce, cette voix au téléphone, cette magnifique villa et ces deux hommes au départ ! Ce ne pouvait être possible sauf si on m'avait ôté ma vraie personnalité ! Au souvenir des orgies auxquelles j'avais participé, je défaillis. Je ne voulais plus rien savoir et, concrètement, je parvins à mettre tout cela entre parenthèse.

Le fait est que je devais de nouveau enseigner. Si j’avais eu auparavant beaucoup d’aigreur et d’appréhension en ce qui concernait ma carrière, je fus totalement rassurée. J’avais demandé en un moment de lassitude, une mutation pour Tours. On me l’avait accordée et au retour de ces étranges vacances, je fus surprise de quitter un lycée de bonne réputation pour des cours à l'université. M'étant beaucoup plainte de mon salaire, je ne le trouvai plus si dérisoire et le fait d'être affectée dans le supérieur me galvanisait. Du reste, il suffit de deux semaines pour me ravir : j’avais changé d’univers ! J’étais face à de jeune étudiants pleins de sagesse et de capacité à se concentrer. Ce serait bien. Ayant déménagé, je me mis à faire des allées et venues pour rester en contact avec ma fille et du reste, je ne disposais à Tours que d'un pied à terre.

Étant en charge de cours de première et deuxième année, je m'étais mise à relire ces grands écrivains français du dix-huitième et du dix-neuvième que j’avais adorés adolescente et jeune fille et me replongeai dans les auteurs du vingtième siècle que j’estimais les plus visionnaires. Quant à notre siècle naissant, je ne le négligeai pas mais constatais que j’avais peu de recul. Dès qu'on s'écartait du champ universitaire, on ne savait où donner de la tête. Tant de livres paraissaient que c’était à se demander si toute personne disposant d’un peu de temps devant elle et d’une connaissance correcte du lexique français ne se prenait pas d’emblée pour un futur grand romancier…Une telle naïveté ou une telle prétention ne pouvait que me rendre prudente. Mais les livres, ah les livres ! Quel bonheur de les retrouver et surtout quelle libération de constater que mes zélés étudiants s’en emparaient et venaient m’en parler ! J’étais vraiment satisfaite.

Quatre mois passèrent ainsi et je sentis le regard de Nicolas et de Léonie changer sur moi. Je ne demandai plus jamais d’argent à mon ex-compagnon et avait, sans bien m’en rendre compte, cessé totalement de m’en prendre à lui. Je ne récriminais plus. Concernant Léonie, j’étais beaucoup plus sereine et de ce fait, à son écoute. Elle allait avoir dix-huit ans et s’intéressant aux langues vivantes, elle estimait ne pas avoir son compte avec l’anglais et l’espagnol, qu’elle parlait honorablement. Son idée était d’en apprendre une autre, totalement différente d’une autre et cela après le bac qu’elle allait présenter. Quand je l’interrogeai sur cette « langue autre », elle me répondit :

-Le russe ou le japonais !

-Dans cet ordre ?

-Non, le japonais m’intéresse beaucoup. Mais c’est loin et cher comme pays. Papa n’a pas envie de m’aider. Il ne veut pas que je sois loin.

-Je peux le faire.

-Ah oui, il t’a donné pas mal d’argent pendant longtemps…C’est bien si tu m’aides.

-Cet argent n’est plus en ma possession, tu le sais. C’était trop, c’était exagéré et j’en ai fait don à des œuvres caritatives, chrétiennes principalement. Il m’en reste, que j’ai gagné moi-même et c’est servir un beau projet que de le donner pour cette vie nouvelle dans un pays lointain ! Elle parut totalement stupéfaite et me regarda comme si j’étais une inconnue. Je poursuivis :

-Tu as un beau projet, n’est-ce pas ?

-Oui, aller au Japon.

-Alors, je souhaite l’encourager cette initiative. Tu vivras ailleurs et de façon si exotique !

-Et toi ?

-J’ai beaucoup attendu de ton père, beaucoup exigé mais je ne me rendais compte de rien. Maintenant, je suis plus simple. Cet argent que j’ai, il sera pour toi et je souhaite en gagner d’autre. Alors, je lui rendrai je ne dis pas tout mais du moins ce que je pourrai…

De nouveau, elle me regarda avec une surprise extrême et, je dois le dire, une admiration sincère. Rapidement, ses résultats furent excellents en toute matière et elle commença, avec l’aide d’internet, à apprendre des rudiments de cette langue qu’elle entendait maîtriser.

Nicolas, lui-aussi, m’avoua sa surprise. J’étais très différente, simple et d’humeur égale, ce qui n’était vraiment pas le cas auparavant. Je lui tins à peu près le même discours qu’à ma fille sans que moi, rien ne soit changé. Notre relation était arrivée à son terme et il n’était plus temps désormais, de se demander pourquoi mais bien plutôt d’apprendre à vivre en bonne intelligence. Il ne le prit pas du tout de cette façon et estima que j’avais mûri. Il souhaitait désormais renouer avec moi et vivre, cette fois, une liaison tranquille. Il fallut le détromper et il en fut terriblement décontenancé.

Toutefois, les mois filant, je me sentais pleine de moi-même et équilibrée. Je vivais simplement, dépensais peu et gardais à la banque tout ce que je pouvais. Mon idée était d’être quitte…

Curieusement, cet été fou m’était sorti de la tête, non que je ne l’aie apprécié mais parce que ma vie avait changé. J’étais revenue à une vie quotidienne terre à terre qui m’accaparait. Plus d’anicroches, donc.

Il y en eut une première, pourtant.

Je reçus par la poste une lettre postée de Nice. Elle contenait un chèque d’un montant invraisemblable. Il était signé Jacques-Alexandre Fiastre. J’avais, en début de séjour dans le Lubéron, touché une somme conséquente que j’avais conservée en partie, abandonnant le reste dans la villa. Or, le chèque qui m’était envoyé doublait cette somme. C’était un versement, à mes yeux regrettable et je décidai d’interroger celui qui voulait ainsi me couvrir d’argent.

J’appelai, à Dignes, une luxueuse maison de retraite où il avait pris ses quartiers. On me dit qu’il était parti à Nice dans un établissement encore plus confortable mais ne put m’en donner le nom. Je les contactai toutes, sans résultat. Personne ne le connaissait. J’essayai les villes environnantes puis sa belle maison provençale où la sonnerie du téléphone sonna dans le vide indéfiniment. Démunie, je me tournai vers Madame Larroque-Daubigny et appris par un de ses employés, qu’elle avait abandonné son bel appartement parisien pour une belle maison à Stanford, en Nouvelle-Angleterre. Adorant la côte est des États-Unis, elle souhaitait y faire un long séjour. Je demandai à pouvoir lui téléphoner mais cela parut difficile. J’obtins une adresse et m’en emparai. J’y joignis le chèque. Personne ne me répondit jamais mais je reçus de Marseille une autre enveloppe avec un chèque d’un montant identique. C’était toujours Jacques-Alexandre Fiastre qui me l’envoyait…

Avec rage, je le cherchai tant dans l’annuaire des particuliers que dans celui des professionnels. Il n’était dans aucune maison de retraite, dans aucun hôpital et ne figurai nulle part comme détenteur d’un quelconque numéro de téléphone. De rage, je rappelai la villa du Lubéron où une jeune voix masculine me répondit. Je me mépris.

-Raféu ?

 

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